Désagréable parenthèse

Les toilettes publiques, même celles d'un lycée haut de gamme comme le pensionnat Suiryo, ne sont pas toujours d'une propreté reluisante. Néanmoins, étant donné les sanitaires privés dont chacun disposait dans sa chambre, les latrines du deuxième étage du bâtiment principal étaient relativement peu utilisées et donc particulièrement propres. Au point que le garçon qui défonça pratiquement la porte d'entrée pour se précipiter dans l'une des premières cabines n'eut aucun scrupule à se jeter à genoux pour vomir dans la cuvette tout ce qu'il avait avalé au dîner. Bon, de toute façon, le carrelage aurait été d'une saleté repoussante que Fred se serait conduit de la même manière.

Hoquetant, crachant, le jeune homme sentit ses lunettes glisser sur son nez et il fut contraint de les ôter pour leur éviter une chute des plus dommageables. Lorsque son estomac arrêta enfin de se soulever, il tendit une main tremblante vers le papier pour s'essuyer la bouche, puis il se laissa tomber assis contre la paroi de la cabine de toilettes, le souffle court et un goût effroyable au fond de la gorge. Il jeta un regard au miroir de l'autre côté de la pièce, et ses yeux myopes distinguèrent le reflet flou d'un garçon livide, inondé de sueur. Fred se passa une main sur le visage, l'air profondément malheureux.

Il était seul dans les toilettes du lycée, une heure après le couvre-feu, et surtout à moitié ivre. Vu le boucan qu'il avait fait en entrant dans la pièce, il était impossible qu'il ait echappé à la vigilance des surveillants. Les mains de Fred vinrent serrer ses tempes douloureuses et il réprima un gémissement de tristesse et de lassitude.

Akira avait parlé trop vite lorsqu'il lui avait proposé de boire un peu avec lui et ses amis, et Fred n'avait pas réussi à comprendre tous les mots prononcés par le Japonais. Le mot "saké" lui avait par exemple échappé. Mais il était si heureux que pour une fois on le conviât à une petite réunion entre lycéens... et puis après tout les règlements sont faits pour être transgressés, non? Ils s'étaient donc tous assis dans la salle vide des premières, quelques portes plus loin. Et Fred avait avalé cul sec trois coupes de saké avant de se rendre compte que les autres faisaient semblant de boire. Il avait entendu leurs rires lorsqu'il s'était précipité vers les toilettes, et il était prêt à parier qu'ils étaient déjà bien à l'abri dans leurs dortoirs, histoire d'être bien sûrs que toute la faute retomberait sur cet arrogant petit occidental.

Et bien qu'il viennent, les surveillants. Avec un peu de chance, on l'expulserait du lycée, et... et son père l'enverrait dans un autre mille fois pire. Recroquevillé contre la paroi plastifiée, Fred devait mobiliser toutes ses forces pour ne pas pleurer. Les hommes ne pleurent pas, n'est-ce pas? Ils ne pleurent pas... Si seulement il n'avait pas eu la naïveté de croire, pendant deux minutes, qu'on pouvait le considérer comme un adolescent comme les autres.

"Marre, y'en a vraiment marre..."


[à qui veut ^^]

Kaven était sorti de sa chambre pour aller aux toilettes, son colocataire occupant les leurs. Il était juste à quelques mètres de la porte quand une masse non identifiée arriva par l’autre côté et y entra en trombe, en faisant un bruit monstre. Le jeune garçon aux cheveux rouges regarda autour de lui : apparemment, il n’y avait encore personne qui avait entendu, mais Kaven se doutait que le bruit allait avoir attiré du monde. Il entra à son tour dans les toilettes pour entendre des bruits vraiment peu ragoûtants venant d’une cabine. Il se rapprocha petit à petit de la porte restée ouverte. Bientôt, les bruits s’arrêtèrent. Puis une voix parla. Apparemment, son propriétaire était en colère. Kaven aperçut dans un miroir un garçon livide. Il avait l’air malade. Le garçon passa alors la tête dans l’ouverture de la porte, et dit :

"Excusez-moi, est-ce que vous allez bien ? "

Il se doutait un peu de la réponse, à en voir la mine livide de son interlocuteur, mais c’était plus une question de politesse qu’autre chose. Après tout, il ne voyait pas trop ce qu’il aurait pu dire d’autres.

Il hésitait à s’approcher, il ne savait pas trop ce qu’il pouvait pour ce garçon, apparemment plus vieux que lui. Mais il avança un peu et s’accroupit légèrement à ses côtés. Il réfléchit un moment, puis tendant la main au malade, il dit d’une voix assez douce :

"Venez boire un peu d’eau, ça devrait vous faire du bien. En tout cas ça sera mieux que de rester dans cette cabine. Un peu d’eau fraîche, ça vous remettra les idées en place. "

Il s’était relevé légèrement et s’était rapproché d’un petit pas. Il attendait maintenant une réaction du garçon. Pendant ce cours instant, Kaven en profita pour détailler un peu le garçon assis : il avait des cheveux bruns mi-longs coiffés un peu comme lui, une peau bronzée lui aussi, il semblait plus vieux que lui, mais peut-être pas plus grand. Par contre, il était aussi mince que lui, peut-être juste un peu moins musclée. Dans sa main, Kaven aperçut une paire de lunettes, qui semblaient avoir échappé au "massacre".

(Ca sera moi ^^)

"Excusez-moi, est-ce que vous allez bien ? "

Fred sursauta et redressa vivement la tête, avec un mouvement de recul instinctif qui emplifia encore le début de migraine qui naissait derrière ses tempes. Dissimulant une fugitive grimace de douleur, le jeune homme mit quelques secondes avant de distinguer de son regard embué les traits du nouvel arrivant. Air calme, regard foncé mais visage souriant, gestes pacifiques. Des cheveux rouges? Tiens oui, des cheveux rouges. Une couleur qui allait plutôt bien à ce garçon que Fred n'avait encore jamais croisé -- ou tout du moins ne se rappelait pas avoir déjà croisé. Il n'aurait pas su dire si l'inconnu était son cadet ou son aîné, étant donné que ses yeux déjà myopes en temps normal avaient bien du mal à ignorer les étincelles blanches que son mal de crâne provoquait dans son champ de vision.

Honteux d'être surpris dans ce triste état, Fred abaissa son regard et se détourna du nouvel arrivant. Peut-être que cela le ferait partir: le jeune occidental avait trop peur des moqueries qu'une plainte aurait pu susciter. Mais l'inconnu ne semblait pas pressé de s'en aller, et Fred devina qu'il s'accroupissait pour être à sa hauteur.

"Venez boire un peu d’eau, ça devrait vous faire du bien. En tout cas ça sera mieux que de rester dans cette cabine. Un peu d’eau fraîche, ça vous remettra les idées en place. "

Un coup d'oeil lui suffit pour voir la main qu'on lui tendait. Ses doigts encore tremblants ramenèrent alors ses lunettes sur son nez. La sueur les faisait glisser, mais cela lui était suffisant pour détailler un peu mieux le visage du bon samaritain. Pourquoi l'aider? Le couvre-feu était passé, et être pris dans les toilettes en compagnie d'un garçon presque ivre... Pourtant le jeune homme aux cheveux carmins semblait de bonne foi. Fred aurait presque pu accepter son aide, si la nausée qui tordait son estomac ne l'avait pas poussé à être encore plus renfermé que d'habitude. Il secoua la tête, délaissa la main amicale et se recroquevilla un peu plus contre la paroi, refusant d'affronter davantage le regard bleu-violet.

"Ce... c'est gentil, mais je peux me débrouiller tout seul, m... merci..."

Il avait parlé d'une voix rauque qui déformait son japonais encore imparfait. Il fit l'effort de tendre la main pour tirer la chasse d'eau, de plus en plus conscient qu'il faisait peine à voir. Il avait mal à la tête, son estomac ne voulait pas cesser de se soulever, et surtout il était tellement dégoûté par ce mauvais tour supplémentaire qu'on lui avait joué... Distraitement, il nota dans un coin de sa tête que l'autre lycéen l'avait vouvoyé en lui parlant, et qu'il serait de bon goût de faire de même.

"Vous ne devriez pas rester ici... vous allez vous attirer des ennuis. Je... je vais un peu rester assis là, ça ira."

Il n'avait toujours pas relevé les yeux.

Kaven soupira légèrement : il le repoussait, alors qu’il n’était pas capable de tenir sur ses jambes. Il fit la moue devant cette réaction, mais se rapprocha quand même un peu en posant une main sur l’épaule du jeune homme.

"J’en ai franchement rien à faire de me faire trouver ici, on m’a jamais appris à laisser quelqu’un pour sauver ma peau. En plus, rester assis ici, je pense vraiment pas que ce soit le mieux. "

Il regarda un peu hors de la cabine. Personne n’arrivait pour le moment, mais si il prenait à certains surveillants de venir faire une ronde dans ce coin, ils allaient être très mal. Mais ça ne faisait pas peur à Kaven. Il ramena son attention au malade, toujours assis. Il aurait voulu l’aider, mais il avait besoin de son accord pour l’emmener boire. En tout cas, le garçon tout seul ne pourrait pas faire grand chose. Il avait l’air complètement dans les vappes. Il ne pourrait pas bouger tout seul, encore moins retourner à sa chambre, ou alors en se traînant par terre, et ce n’était pas le meilleur moyen pour passer inaperçu. Alors, d’une voix douce, presque suppliante, il dit au jeune homme :

"S’il vous plaît, laissez moi vous aider ? "

Fred serra les paupières et eut de nouveau l'impulsion de porter une main à sa tempe. Il n'avait jamais connu de migraine capable de se développer si vite et si violemment, il en avait les jambes coupées. Oh, et cette détestable impression qu'il allait recommencer à vomir au moindre mouvement... Cela aurait été moins éprouvant à supporter s'il n'avait pas eu la certitude qu'en plus on s'était moqué de lui. Il n'avait même pas conscience qu'à force de réagir en victime comme il le faisait, il s'attirait toujours plus de mauvaises blagues et de coups bas.

Ses nerfs en piteux état réagirent à peine lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule, mais il fit tout de même l'effort de rouvrir les yeux et de tourner son visage livide vers l'autre garçon. Etrange, il avait l'air de vouloir sincèrement l'aider. Et pour rien en plus? Non, ça Fred refusait de le croire. Plus personne n'aidait quelqu'un sans attendre un service en retour. Mais le fait était qu'il n'avait pas trop le choix. Malgré ses belles pensées bien rebelles, il n'avait pas envie de se faire renvoyer. Il ne se plaisait pas à Suiryo, mais ailleurs cela risquait d'être encore pire. Il lâcha un profond soupir et baissa la tête en signe d'assentiment.

"D'accord..."

Il accepta enfin de saisir la main qu'on lui tendait et de s'en aider pour se hisser sur ses pieds. Mais il faillit bien ne pas rester très longtemps en position verticale: il ne sentait absolument plus ses jambes, et il fut pris d'un vertige si violent qu'il serait retombé sur le carrelage sans l'intervention du jeune inconnu. Un peu hagard, Fred se cramponna un instant aux épaules du bon samaritain, puis il s'obligea à s'écarter un peu, une pointe de rouge sur son visage livide. Le jeune homme lui avait proposé de l'aider, pas de le porter quand même...

Le trajet de la cabine au lavabo fut certainement l'un des plus longs de la courte vie de Fred. Il y parvint, mais seulement en s'appuyant de presque tout son poids sur l'inconnu. Heureusement celui-ci était un peu plus grand et plus musclé que celui qu'il traînait, sinon ce serait vraiment devenu épique. Fred réussit enfin à s'aggriper au lavabo, et il ôta ses lunettes d'une main tremblante pour se passer de l'eau sur le visage. Malheureusement, ses gestes imprécis firent qu'il les déposa trop près du bord en faïence, et inévitablement...

CLING!

Sans même jeter un coup d'oeil par terre, Fred ferma les yeux d'un air las. Et merde, décidément ce n'était pas sa soirée... Vu le bruit, au moins l'un des verres s'était fissuré, si ce n'était cassé. Bah, tant pis, au point où il en était... Il ouvrit à fond le robinet d'eau froide et rinça abondamment sa gorge et son visage, sans cependant sentir de nette amélioration. Mis à part le fait que l'horrible goût s'était un peu atténué. Haletant, en équilibre précaire sur ses bras tremblants, il releva légèrement la tête pour dévisager l'inconnu dans le miroir. Un faible sourire vint enfin passer sur ses lèvres blanches:

"Merci de... de m'aider... Je m'appelle Fred..."

Kaven sourit quand son ainé accepta enfin sa main. Il l'aida à se tenir debout, et le porta presque jusqu'aux lavabos. Il l'aida un peu, le tenant encore légèrement alors qu'il s'appuyait sur les lavabos, et il eut beau tendre la main pour essayer de rattraper les lunettes qui tombaient, il ne fit qu'amortir la chûte légèrement, et un des verres se fela légèrement en touchant le sol. Lachant quelques minutes son aîné, il les ramassa et les reposa sur le bord du lavabo, avant de se remettre à soutenir le garçon... Fred...

"Moi c'est Kaven..."

Il sourit légèrement en croisant le regard du garçon et dit :

"De rien, j'allai pas te laisser tout seul."

Son regard retomba sur les lunettes.

"Par contre désolé, j'ai pas réussi à les sauver complètement." dit-il en riant doucement.

Fred était pâle. Kaven se pencha pour prendre de l'eau dans sa main, et la passa sur le front humide de sueur du garçon. Il ne pouvait pas encore faire grand chose de plus.

Fred ne put renvoyer son rire au garçon, mais il fit tout de même l'effort de secouer la tête avec un léger sourire: tant pis pour ses lunettes, ce n'était pas si grave. Il avait largement de quoi en racheter d'autres, monture comprise, alors pour un verre un peu fêlé... Fred jeta un autre coup d'oeil à sa nouvelle connaissance. A les voir ainsi, il aurait été bien difficile d'affirmer avec certitude que c'était lui qui avait un an de plus que Kaven. Kaven. Pas commun comme nom, mais pas désagréable. Comme les cheveux rouges.

Sans s'en rendre compte, Fred avait à moitié fermé les yeux, et il se serait presque certainement évanoui si Kaven n'avait pas eu la bonne idée de lui passer encore un peu d'eau sur le visage. Le jeune occidental sursauta légèrement, peu habitué au contact d'une main sur sa figure. Ce n'était pas vraiment dérangeant, d'autant plus que l'autre lycéen l'avait fait avec une gentillesse perceptible, mais c'était... inhabituel...

Fred eut un autre petit sourire de remerciement, avant de perdre brusquement les quelques couleurs qui lui restaient et de se plier en deux au-dessus du lavabo, l'estomac contracté par un haut-le-coeur. La crampe lui arracha un hoquet de douleur, mais il ne lui restait plus rien à vomir. Tremblant, le regard brouillé, il s'appuya un peu plus sur Kaven tout en balbutiant:

"Désolé... Je... je crois que... je vais retourner dans ma chambre..."

Amusante tournure: il sentait bien qu'il n'était même plus capable de tenir debout, alors de là à marcher... Fred déglutit. Il n'aimait décidément pas demander de l'aide, mais il n'avait plus le choix. Et puis il paraissait avoir eu de la chance dans son malheur: le lycéen aux cheveux carmins lui semblait bien plus gentil que la moyenne. Sa honte d'être dans un état aussi lamentable à cause de quelques coupes d'alcool en était un peu atténuée.

"Si ça ne te dérange pas, tu... tu pourrais m'aider... s'il te plaît? Je... je m'excuse encore..."

Il avait le sentiment d'être un poids pour Kaven (au sens propre comme au figuré) et cela le dérangeait beaucoup. Si seulement il ne s'était pas senti aussi mal... Il se rendit compte qu'il recommençait à piquer du nez et redressa brusquement la tête. Hors de question de s'évanouir, ses restes d'amour propre ne s'en seraient jamais remis.

Kaven soutenait encore plus Fred, il le sentait sur le point de flancher à nouveau. Il avait envie de partir ? Et comment ? Kaven sourit quand son aîné lui demanda de l'aide.

"Bien sûr que j'vais t'aider. Je vais pas te laisser ramper jusqu'à ta chambre."

*En plus, vaut mieux pas le laisser tout seul s'il a encore des crampes d'estomac comme ça !*

Il prit les lunettes de l'adolescent et passa un bras autour de sa taille pour l'aider à marcher. Il passa encore un peu d'eau sur son visage pour le réveiller un peu pour qu'il ne s'évanouisse pas alors qu"il le reconduisait à sa chambre. Il ne savait pas vraiment où dormait le garçon, et il n'avait pas envie de le réveiller en le secouant. Kaven attendit un peu que Fred reprenne ses esprits, et il attendit que le garçon commence à bouger pour le suivre.

L'adolescent aux cheveux rouges avait un peu peur pour son aîné. Il ne savait pas trop ce qu'il ferait si celui-ci venait à s'évanouir. Il regardait le visage encore plein de sueur du garçon malgré l'eau qu'il lui avait passé sur le visage. Il le tenait un peu serré contre lui, mais pas trop pour qu'il ne se sente pas gêné. Il avait l'air énervé d'avoir à demander de l'aide, alors Kaven dit :

"Ne t'inquiète pas, ça ne m'ennuit pas du tout de t'aider, je préfère encore à te laisser tout seul."

Fred leva un regard reconnaissant vers Kaven. Sa paranoïa ne lui permettait pas de croire que le lycéen était totalement sincère lorsqu'il disait que cela ne le dérangeait pas d'apporter de l'aide à cet encombrant binoclard à moitié ivre, mais même la méfiance maladive du jeune occidental avait du mal à trouver de quoi satisfaire son envie de persifler. Kaven procédait avec calme et gentillesse, il s'arrangeait pour que ses gestes soient attentionnés sans devenir embarassants... Fred était bien obligé de le reconnaître, il était heureux d'être tombé sur ce jeune homme aux cheveux rouges. Peut-être la première personne qui marquait une réelle attention pour lui depuis son arrivée dans ce fichu lycée.

Les deux garçons titubèrent jusque dans le couloir, Fred entraînant malgré lui Kaven dans ses pertes d'équilibre. Cramponné à sa nouvelle connaissance, le malade avait toute la peine du monde à se concentrer sur ce qu'il lui arrivait. Les murs avaient l'air de chanceler, le sol lui paraissait onduler traiteusement sous ses pieds. D'une voix pâteuse et endormie, Fred se força à balbutier:

"Ma chambre est... tout au bout du couloir, au premier étage... l'avant-dernière porte à gauche... je crois..."

Dans son trouble, il oubliait qu'une indication sommaire suffirait, étant donné que son nom était placardé sur son entrée, comme pour toutes les autres chambres. Récemment arrivé, il avait la chance d'avoir tout de suite pu bénéficier d'une nouvelle chambre qu'il avait pour lui tout seul. Tant mieux, cela éviterait les explications embarassantes à un éventuel colocataire. Fred trébucha encore, manquant de faire chuter Kaven avec lui.

"Pardon..."

Parler Japonais n'était pas une chose particulièrement facile en temps normal, alors pour le jeune homme au bord du coma éthylique, cela relevait franchement de l'épreuve.

"Si... si on nous arrête... explique leur que c'est ma faute, d'acord?... Ne t'attire pas d'ennuis à cause de... de mes bêtises..."

Il s'arrêta, incapable de continuer. Si Kaven lui répondit, il ne l'entendit pas. Mettre un pied devant l'autre lui était de plus en plus difficile, et il sentait que s'il ne se focalisait pas complètement sur le trajet qui lui restait à faire jusqu'à sa chambre, il allait s'effondrer comme une masse au milieu du couloir.


[je te laisse lancer le prochain sujet dans la chambre de Fred ^^]